L’exposition Incomplete Works se tiendra à l’Architektur Galerie de Berlin du 23 mars au 6 mai.

Le point de départ de cette exposition repose simplement sur la question de savoir si l’on doit considérer les bâtiments en tant qu’éléments inachevés. Peut-on concevoir les projets architecturaux non pas comme des objets désespérément statiques, mais plutôt comme des chantiers perpétuels, jamais achevés, en perpétuel mouvement? Bruno Latour, philosophe français a écrit: «[...] notre problème, c’est que [...] lorsque nous reproduisons un bâtiment, c’est toujours sous la forme d’une structure fixe, impassible [...]». Pourtant, l’architecture, chargée de la lourde responsabilité de son caractère permanent apparent dans un contexte d’instabilité croissante, se cantonne trop souvent dans des idées simplistes telles que l’éternité ou la flexibilité. Les Incomplete Works sont à la fois des éléments obtus et robustes que constituent nécessairement les bâtiments, et des éléments sujets à des transformations, tant prévues que fortuites.

Bien que fondamentalement différents en termes de programme, de contexte et d’ambition, deux récents projets sont examinés concernant leur potentiel à négocier les questions de phasage, d’obsolescence, de mémoire, de réutilisation et de pré-utilisation. L’un consiste en la réhabilitation des volumes résiduels de La Défense, à savoir des espaces sous la dalle de béton, coincés entre les autoroutes souterraines et les voies ferrées, tandis que l’autre porte sur une usine d’incinération dans la périphérie de Zurich, une collection de machines en constante évolution, conçue pour durer une centaine d’années. Tous deux introduisent des temporalités multiples qui coexistent, elles sont inhérentes tout en participant à la construction du projet, laissant celui-ci suspendu entre des myriades de temporalités. L’exposition se penche sur la construction de la construction en tentant de se défaire de l’habitude héréditaire consistant à faire dissiper le temps de l’espace.

Concernant la scénographie, nous utiliserons des éléments de chantier qui structureront l’espace de la galerie grâce à des cloisons et à l’éclairage. Nous analyserons leurs similitudes et leurs différences en présentant les deux projets de manière transversale, à l’aide de deux maquettes et d’un essai vidéo. À l’aide de représentations, de plans, de montages, de références, de citations et de descriptions, l’essai tente d’élucider la délicate relation existant entre la conception d’un projet, sa relation au temps et sa représentation dans le temps, mais aussi en dehors de celui-ci.

Combinant l’art et la technologie, faisant dialoguer et interagir diverses formes de connaissances, BAUKUNST postule pour une pensée architecturale fondée sur la reconnaissance d’antécédents, en tant qu’éléments constitutifs dans l’élaboration de ses propositions, explorant l’architecture comme un moyen de penser la construction (BAU) et de construire des modes de penser (KUNST). En 2010, Adrien Verschuere a fondé BAUKUNST à Bruxelles. Parmi ses projets phares, citons La Fraineuse, une infrastructure sportive polyvalente (Spa, 2017), Frame, un immeuble constitué de bureaux et de studios de télévision (Bruxelles, 2018), et la réhabilitation des volumes résiduels de La Défense (Paris, 2019).
L’œuvre a été présentée lors d’expositions individuelles au Bozar, à Bruxelles en 2019, à la Solo Galerie, à Paris en 2020, et au Trienal de Arquitectura, à Lisbonne en 2022. Depuis 2019, Adrien Verschuere est Professeur invité à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, en Suisse.

Incomplete Works fait partie d’une série, issue de l’exposition Performance & Performativity, elle est présentée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. L’exposition Baukunst a été présentée à la Solo Galerie à Paris et l’exposition Tendency & Fact a été présentée au centre culturel Carpintarias de São Lázaro à Lisbonne. La série a été conçue par Wallonie-Bruxelles Architectures et la Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles. A+ Architecture en Belgique et le Palais des Beaux-Arts (BOZAR) de Bruxelles coproduisent Incomplete Works qui est également coordonné par Architecture Curating Practice.