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Date de publication
11/09/20

Date
05/2020

Pierre Toby : Halle Beffroi de St-Lô (France)

Halle-beffroi à Saint-Lô, avec brises-vents descendues et un verre au centre du beffroi
Halle-beffroi à Saint-Lô, avec brises-vents descendues et un verre au centre du beffroi© HBAAT

À rebours,

Couramment on se doit l’utilisation du mot «intégration» pour désigner une «intervention» artistique, dans l’espace public.

Et pourtant, si sa nature n’en étant pas, dans certains cas, bien différente: on devrait faire usage du mot «intervention» – à l’exemple d’une conférence dans une salle ou un amphithéâtre.

Je voudrais intervenir…, dit-on.

– Nous allons devoir procéder à une intervention…, nous dit un personnel du corps médical.

L’intégration est plus appropriée pour qualifier la participation d’un botaniste, vulcanologue, ou hydrologue, au sein d’une étude archéologique d’un site.

Mais, et si, à l’inverse, une conférence, était reconnue comme une «intégration», ne devrions nous pas, dans certains cas, la comprendre aussi, comme faisant partie d’un espace? D’un espace donné: Wittgenstein à Oxford, Aby Warburg à Hambourg et Londres, Lacan à Louvain.

Il y a confusion entre la personne et l’intervention. Un peintre (dans le cas présent), participe, intègre une équipe de projet, mais ce qu’il fabrique est une intervention.

À Saint-Lô, l’atelier d’architecture Hart Berteloot, m’a sollicité pour ne rien faire (projet de verre pour trois portes amovibles). Situation quelque peu absurde et pourtant audacieuse et astucieuse. Et, le prétexte de réfléchir, à la mise en lumière de la halle et du beffroi, n’est pas suffisant – d’autant, que je n’ai aucune expérience dans le domaine.

La proposition, dans son ensemble, c’est révélée bien plus complexe, allant jusqu’à impliquer le site, bien entendu, et, du ciel au paysage.

Vous avez certainement déjà fait l’expérience, (ou du moins, vous auriez facilement la possibilité de vous la représenter), d’ajuster «la vue» d’un instrument d’optique et, de s’en faire témoin. Je ne pense pas à l’effet photographique: le flou (– Blinky Palermo contre Gerhard Richter). Dès lors, quand la vue – lors de sa mise au point (puisqu’elle ne l’est encore): est double, se superpose et se répète. Comme si, nous étions capable de saisir simultanément un bâtiment, bel et bien deux fois, côte à côte. Conjointement – la même vue sans s’en départir.

Je n’évoque, non plus les vues stéréoscopiques, dont la technique est au service d’un effet de 3 dimensions; pas plus que le reflet sur une surface vitrée ou la réflexion à travers un miroir.

Ici, il y a un acte de division; de dédoublement de l’architecture sur elle-même.

Notre champ de vision s’en trouverait modifié. Nous verrions, arrivant sur la place Charles de Gaulle à Saint Lô, sur le côté gauche de la mairie, là, deux architectures identiques, sans que cela, ne trouble notre perception.

L’étrangeté de cette affaire, se loge déjà à la conception dans les années 50. La première esquisse de l’architecte, Marcel Mercier, situait le beffroi au pied de la mairie, à quelque distance de la halle. Cette solution ne fut pas reprise. Le beffroi, c’est vu retrouvé juché à l’angle du volume horizontal de la halle. À retenir son souffle, l’extrême finesse de la structure, à dés lors emboîté le pas, à tout un système de relations, de passages, de traversées, de renversements…

Ce défaut d’optique (dont nous serions capable), contrarie les perceptions stables et les techniques d’auteur; ne limitant pas – serait-ce un paradoxe – une «intervention» comme autoportrait.

(C’est peut-être ce qu’imaginaient les avant-gardes, en prônant la dissolution de l’art dans la vie?)

Depuis le début de mes différentes collaborations avec des architectes, ma position, intuitivement, s’énonçait d’un contre l’architecture; plus récemment d’effacement ou, plus clairement de suicide apparent; de cette dernière réalisation, ce qui vient d’être écrit et que vous venez de lire.

Pour terminer, – je ne pourrais me l’expliquer –, ce détour par une double architecture, à établi, dans mon esprit, une parenté, de la halle et du beffroi, aux pavillons. La division, laisserait-elle entrevoir, un étroit passage, allant aux modèles historiques du pavillon: Le Corbusier et Xenakis à Bruxelles, Mies van der Rohe/ Mies van der Rohe à Berlin et Barcelone?

Pierre Toby, 5 juillet 2020

***

La Halle Beffroi de St LO

Par PIERRE TOBY, artiste et Hart Berteloot architectes

Maître d’ouvrage

Ville de St Lo

Maître d’oeuvre

HBAAT, mandataire avec Pierre Toby artiste (be)

Maître d’œuvre associée

Becquart/ BET fluides ; Brizot masse /BET Structure ; Saboureau / Economiste; Stanislas Coudière/Architecte du patrimoine; Richard Klein/ Historien

Programme

Rénovation de la halle beffroi, inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques

Surface

900 m2 SU

Budget

1 154 581 Euros/HT

Réalisation

Livraison mai 2020

***

LE PROGRAMME

La réponse à la commande a consisté pour Hart Berteloot et Pierre Toby à supprimer principalement les couches d’ajouts successifs réalisées au fil des années sur la halle-beffroi. Rajoutées lors de la dernière rénovation dans les années 90 les extensions contribuaient à la détérioration des bétons de la halle initiale mais aussi à la banalisation, voir déqualification de celle-ci.

Comme le précise dans son étude Richard Klein, historien de l’architecture, elles nuisaient à la lecture de l’édifice qui se traduisait initialement par une simplicité et une élégance liée à la légèreté de son couvrement (fine dalle de béton) et au pragmatisme de son programme.

LES OBJECTIFS DU PROJET

Le projet de réhabilitation de l’ensemble Halle-Beffroi a ainsi visé en premier lieu à valoriser un patrimoine issu de la reconstruction en participant à l’inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historique durant les études.

Dans les années 1990, la construction d’une extension en verre adossée à la halle existante avait profondément changé les dispositions initiales de cet édifice avec plusieurs conséquences importantes sur la halle béton d’origine.

Premièrement, le volume ajouté, et solidaire des structures existantes en béton, ne permettait plus la lecture d’une halle ouverte mais surtout, de nombreuses dégradations avaient eu lieu à cause des rétentions d’eau dues à cette dernière extension.

Dans ce contexte, la rénovation consistait principalement pour nous à :

- Démolir les différentes parties ajoutées en 1993,

- Retrouver, suite à ces démolitions, un état proche de l’état initial de l’édifice,

- Redonner aux commerçants l’entièreté des espaces au sol,

- Répondre aux problématiques liées des vents dominants par la mise en œuvre d’éléments de pares vents mobiles.

- Et proposer des solutions adéquates pour la gestion régulière des jours de marchés en termes de rangements, gestion des containers à déchets, éclairages, …

PARTIE D’INTERVENTION

Le projet proposé pour la Halle-Beffroi de St Lô redonne aujourd’hui une lecture claire des dispositions initiales de l’édifice et, d’autre part, répond aux besoins programmatiques liés à la mise en place du marché par des interventions nouvelles localisées principalement au sol.

Il fut réalisé la dépose en démolition de l’entièreté des ajouts effectués afin de retrouver la géométrie d’origine de l’édifice, notamment dans son nombre de travées initiales avec la suppression de la travée en verre ajoutée à l’Est.

Les interventions nouvelles créés sont désormais pensées de manière totalement indépendante de la structure existante afin d’avoir une dissociation et lecture claire entre la structure existante en béton et les interventions contemporaines. En ce sens et pour conserver au maximum la matière existante, le projet évite toutes fixations directes entre les éléments ajoutés et les structures bétons en place.

Par ailleurs, l’ensemble des interventions prévues sont toutes réalisées avec un unique matériau, l’acier noir, toujours dans l’objectif de clairement dissocier l’existant des interventions nouvelles et d’intervenir par des dispositifs contemporains réversibles.


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