L’immeuble des Goujons souffre de la stigmatisation généralisée dont font l’objet les barres de logement. Hors, de sa forme particulière pourrait germer un changement d’image radical. Au contraire d’autres immeubles, le pli des Goujons ne répond pas à son contexte environnant mais se soumet au paysage en épousant l'ancien lit de la Senne.
L’immeuble s’inscrit en réalité dans ce qui fut un projet de développement radical du quartier populaire et industriel de Cureghem. Le projet de PPAS Goujons, élaboré entre 1968 et 1971 visait à relier les réalisations autour du square Albert 1er aux nouvelles constructions le long du canal, dans ce qui devait à terme former un véritable waterfront.
Si au départ l’opération des Goujons s’inscrivait dans un ensemble moderniste composé, il est resté un immeuble isolé. Avec ses 18 étages, ce bâtiment haut crée une rupture dans le tissu urbain. La rénovation de l’enveloppe, précipitée par la dégradation prématurée des balcons existants, est l’opportunité de créer des terrasses filantes spacieuses. Leur structure évolue et s’affine tout sur la hauteur du bâtiment. Des garde-corps massifs aux étages s’amincissent vers le bas, avec un plissement progressif de leur alignement. L’ensemble marque, dans la skyline de la vallée de la Senne, par une forme forte, la présence symbolique de la rivière historique de Bruxelles. Depuis le bas, le mouvement des balcons ancre l’immeuble dans son quartier, le tout conférant un sens plastique et historique.
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