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Billets
Date de publication
08/10/12

Auteur(s)
Cédric Libert

Référence bibliographique
(Un)city – (Un)real State of the (un)known, publication of WBA's exhibition at Istanbul Design Biennial

Lien
www.wbarchitectures.be/fr/publications/_Un_City____Un_Real_State_of_the__Un_Known_2eme_edition/234/

"Avant-Propos" (Un)city - (Un)real State of the (un)known

« L'architecture, ce n'est pas dessiner des bâtiments. L'architecture, c'est diviser le monde en deux : les grands espaces et les petits espaces. » Hideyuki Nakayama, à l'occasion d'un entretien avec l'auteur, le 15 août 2012 à Tokyo.
 
Ordre
 
Prononcée par Hideyuki Nakayama alors qu'il était en train de me montrer un de ses projets de maison, cette phrase énigmatique pourrait servir de point de départ pour la lecture du texte qui va suivre. En effet, réduire la question architecturale ou urbaine à l'idée qu'il s'agit avant tout de disposer des éléments entre eux et d'organiser les rapports qu'ils vont entretenir ensemble est à la fois simple et saisissante. C'est la mise à plat des enjeux qui déterminent la ville autant que la possibilité d'une approche critique, limitée au degré zéro de leurs conditions intrinsèques – forme, taille et ordonnancement. La ville est constituée de choix se référant à des logiques d'agencement, posés différemment selon les époques, les circonstances ou les volontés politiques.
 
Le projet « (Un)City – (Un)Real State of the (Un)Known », proposé à l'occasion de notre participation à la première Biennale d'Istanbul, place donc la ville comme sujet de réflexion et de discussion : la ville abordée sous l'angle des multiples réalités qui la constituent, la ville perçue en tant qu'héritage autant que projet en devenir, la ville envisagée par la superposition, l'imbrication et la sédimentation de strates singulières.

Procédant d'une interrogation précise et vaste à la fois – celle de l'environnement au sens architecturé du terme –, il s'agit de saisir la complexité des mécanismes qui façonnent agglomérations et métropoles.

Les aléas de l'histoire et épisodes successifs ont tantôt fourni une vision totalisante, tantôt des revendications localement émergentes. C'est de l'assemblage de toutes ces couches historiques et morphologiques qu'est issue la ville telle que nous la connaissons aujourd'hui. Elle est également le produit d'une série de décisions antagonistes, voire contradictoires, et c'est probablement là que réside sa terrifiante beauté.

Pour aborder cette question, la proposition suggère que l'on adopte un regard spécifique : celui qui consisterait à observer les phénomènes urbains à travers le prisme du diagnostic et de la dissection. Dès lors, apparaît un dispositif ouvert – un terrain d'étude, de prospection et de négociation– par lequel il est question de déceler les champs d'investigation et de recherche autant que les logiques territoriales héritées de l'histoire. C'est un terrain de jeu, une aire d'expérimentation ou encore un territoire mental qu'il est intéressant de comprendre au même titre qu'il est important d'en reconnaître les aspérités.

Représentation

Très librement inspirée d'une série de documents historiques ou récents, dont l'intérêt consiste à ouvrir la pensée du réel à l'univers poétique de la fiction, la proposition réunit 100 projets d'architecture(s). Dans l'idée d'un récit entre imaginaire et réalité, il s'agit d'une collection de bâtiments et situations urbaines emblématiques de Bruxelles, décrits séparément dans le présent ouvrage et assemblés par ailleurs, sous la forme d'une grande maquette de 4m x 4m. Celle-ci est construite au départ de situations qui ont existé, existent ou pourraient exister. Sous la forme d'un territoire imaginaire, elle rassemble des projets passés, présents et prospectifs : le Palais de justice de Bruxelles, le Cinquantenaire, la Maison du Peuple de Victor Horta, le Pavillon du Bonheur Temporaire de V+, le Théâtre National, le projet de Jonction Nord-Midi de Luc Deleu ou encore le siège Glaverbel à la Chaussée de la Hulpe. Bref, une petite histoire de l'architecture envisagée par éléments distincts – chacun d'entre eux constituant un ‘prototype' pour la ville. Ce faisant, c'est ouvrir les tiroirs de l'histoire, en sortir des projets et les observer comme spécimen unique, bien qu'issus d'une espèce plus largement répandue dans la ville.

Par la reconfiguration autrement de tous ces projets sur la maquette, il s'agit d'une part, d'être attentif au vide entre les architectures construites – l'espace entre les volumes agencés – parce qu'il révèle l'existence de rapports inédits entre les éléments : et d'autre part, d'explorer l'idée que chacun construit son expérience personnelle de la ville – une cartographie sensible, propre et unique, voire une mythologie intime.

Promenade

Les 100 projets collaborent dans un grand récit, celui d'une ville qui existe autant qu'elle est rêvée. Elle pourrait être l'une de ces Villes Invisibles racontée par Italo Calvino. Toutes sont le pur produit d'un fantasme alors qu'entre les lignes chacune évoque les réminiscences d'une ville que l'on a parcourue.

Pour chaque projet, un seul aspect a été retenu, soulignant son importance singulière dans la construction d'un imaginaire collectif.

Les 100 projets véhiculent leurs lots de petites anecdotes ou illustrent des chapitres de la grande Histoire. Qu'importe, ensemble, ils font la ville.

Cédric Libert est architecte. Il vit entre Bruxelles et Paris. Diplômé de l’Architectural Association de Londres, il a dirigé l’agence Anorak (2005-2010) avant de mener aujourd’hui une pratique expérimentale et indépendante de l’architecture par l’enseignement, l’écriture et le commissariat d’exposition principalement. Il a contribué à Monditalia lors de la 14ème Biennale d’Architecture de Venise, avec un projet de recherche intitulé 152 Mediterranea, développé en collaboration avec l’AUC et Thomas Raynaud. En décembre 2013, il a organisé Detour à Hong Kong – cinq constructions temporaires installées au cœur de l’espace public, réalisées avec BenjaminLafore,Sébastien Martinez Barat, Thomas Raynaud, Nicolas Simon et Max Turnheim. Pour l’exposition Auguste Perret : Huit Chefs d'œuvre !/? sous le commissariat de Joseph Abram et Rem Koolhaas OMA/AMO, il a coordonné un atelier à l’ENSA-Versailles et présenté À toutes fins utiles– un projet de relecture critique de l’œuvre et de l’héritage conceptuel d’Auguste Perret.Critique régulier àl’Architectural Association de Londres, l’UFRJ Rio de Janeiro, l’ENSAMarseille, au RWTH Aachen, l’EPFL Lausanne ou à l’Academie van BouwkunstMaastricht, Cédric Libert a également enseigné à l’ISA St-Luc à Liège, l’ISACF La Cambre à Bruxelles, l’Ecole d’Architecture de l’Université Laval à Québec comme professeur invité et à l’Ecole Spéciale d’Architecture de Paris comme professeur associé. Il enseigne actuellement à l’ENSA-Versailles. Il est aussi co-fondateur du Thought Council de la Fondazione Prada à Milan, avec Shumon Basar et Nicholas Cullinan. En janvier 2017, il a été nommé Directeur du département “Enjeux de la Ville Contemporaine” de la Fondation CIVA à Bruxelles.

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