Le collectif de Petticoat Government (Denicolai & Provoost · Antoinette Jattiot · Nord · Spec uloos) a été sélectionné pour représenter la Fédération Wallonie-Bruxelles et Wallonie-Bruxelles International lors de la Biennale de Venise 2024.

À la croisée de l’art, des pratiques curatoriales, de l’architecture, de la typographie et de la cartographie, le collectif se saisit sur un mode collaboratif et horizontal du format de l’exposition pour s’en décaler via une série de chapitres et un potentiel fictionnel. Les membres du collectif rassemblés pour la Biennale autour d’une traversée physique et symbolique sont liés par des collaborations au long cours et les rôles d’intermédiaires et critiques qu’iels adoptent avec des contextes dans et en dehors du champ de l’art. C’est dans cette position qu’iels interrogent le regard porté sur des organisations collectives, populaires, alternatives et leurs modes de partage.

Dans le cadre de la Biennale de Venise 2024, les membres de Petticoat Government proposent un scénario pluridisciplinaire à partir de géant·es folkloriques existant·es emprunté·es à différentes communautés en Belgique, France, Espagne. Leurs déplacements performatifs vers l’Italie, en passant par le col de Resia le 9 mars 2024 puis de retour à Charleroi et à Dunkerque en 2025, insufflent un trouble joyeux dans le réel par la variété de jeux d’échelle et de tensions entre l’humain et le non-humain, le paysage et l’architecture, les frontières et leur transgression. À l’encontre d’une œuvre close, le Pavillon belge à Venise est imaginé comme un lieu de passage avec une optique en kaléidoscope. La scénographie aérienne et sonore qui dispose les figures gigantesques hors-sol interroge, par la place faite à l’oralité et à la co-construction de récits, l’origine de mythologies contemporaines et d’histoires séculaires.

Dérivé d’une dénomination historique d’un renversement de rapport de pouvoir, le titre suggère un bouleversement toujours en cours. PG imagine un changement de paradigme en brouillant les lisières entre les disciplines et les cultures artistiques et populaires. Le collectif et ses multiples complices activent le potentiel du mélange des genres et des attitudes comme autant de possibles pour questionner la complexité, et se mettre en présence, des mondes avec lesquels ils relationnent. Plus que la stigmatisation d’une pratique individuelle, le projet sélectionné pour le Pavillon belge de la Biennale de Venise 2024 souligne la faisabilité d’un ‘faire avec’ collectif.

La démarche collective

Petticoat Government est une œuvre chorale et l’image d’un corps collectif initié par sept personnes, Sophie Boiron, Valentin Bollaert, Simona Denicolai, Pauline Fockedey, Pierre Huyghebaert, Antoinette Jattiot et Ivo Provoost, qui forment ensemble un collectif pluridisciplinaire. À la croisée de l’art, des pratiques curatoriales, de l’architecture, du graphisme, de la typographie et de la cartographie, le collectif se saisit sur un mode horizontal et collaboratif des potentialités de la Biennale pour produire une œuvre dont le résultat se trouve déjà dans l'expérimentation de sa méthode.

Ses membres rassemblés autour d’une traversée physique et symbolique sont liés par des collaborations au long cours, entre elleux et d’autres acteur..ices non-exclusivement issu·es du champ de l’art invité..es à prendre part à l'élaboration d'une œuvre dont le présent se nourrit de son avant et de son après. C’est aussi dans une position d’intermédiaire et critique face au monde qui les entoure qu’iels interrogent le regard porté sur des organisations collectives, alternatives, leurs mythologies et leurs modes de partage, qu'iels traversent des contextes, s'emparent du déjà-là pour le transformer dans et par le processus artistique.

Dans la lignée de l’intimité esthétique et politique d’un processus dit de digestion, et propre au duo Denicolai&Provoost qui opère ensemble et sans limite de medium depuis 25 ans, PG est soudé par une approche sensible du monde, une remise en question de l'artiste et du producteur en tant qu'individu créateur. Les formes qu’iels développent à partir d’emprunts à la culture populaire dont iels questionnent le fond et la forme permettent de déployer d’autres langages où s’immiscent le doute, le récit, voire une échappée magique, comme des voies possibles d’émancipation.

La porosité des images et des champs de recherches de PG rejoint celle des projets qu’Antoinette Jattiot, curatrice et autrice indépendante, développe dans la programmation de la Loge à Bruxelles.

En écho aux pratiques de Sophie Boiron et Pierre Huyghebaert autour et au sein du studio Spec uloos, les modes de production de PG impliquent une approche globale qui convoque le plus souvent une critique des supports et des moyens mis en jeu.

Toustes lié·es par leurs pratiques pédagogiques en école d’art et à l’université, les membres de PG s’interrogent communément sur des outils de partage, les possibilités de créer en conscience des ponts entre des personnes et des disciplines, et la co-construction de la connaissance.

Les réflexions du collectif s’attachent aux systèmes de production des expositions, aux matériaux et à leur réemploi. Ces questionnements sont au fondement de NORD, actif depuis 2015, avec Pauline Fockedey et Valentin Bollaert.

Le collectif crée du sens avec des formes et des méthodes qui saisissent et dépassent les enjeux propres des disciplines qui le sous-tendent pour démystifier leur autorité et leur complexité.