LIEN

Projet: LIEN
Architecte: Bauclub

Programme: Rénovation et agrandissement du centre d'hébergement d'urgence pour personnes sans abri Pierre d'Angle

À propos: Le projet LIEN concerne la rénovation et l'agrandissement d'un centre d'hébergement d'urgence pour personnes sans abri à Bruxelles. Le site comprend deux bâtiments distincts : un ancien entrepôt abandonné casco (S4) et un bâtiment en intérieur d'îlot le long d'une impasse historique actuellement occupé par l'asbl (TN 153). En l'état, le site ne bénéficie pas de qualités intrinsèques notables (proximité du chemin de fer, enclavé en intérieur d'îlot, espace extérieur restreint, manque d'accessibilité).
Si la rue est le quotidien des usagers, elle n'en reste pas moins agressive, épuisante et périlleuse. C'est un lieu où l'intimité n'existe pas. Dès lors, le projet propose une gradation subtile entre l'espace public et le refuge pour assurer l'accessibilité par l'intermédiaire du travail des seuils, des séquences spatiales depuis l'espace public. L'accessibilité passe donc par une intervention mesurée et introvertie (simple réorganisation de l'espace qui offre de nouvelles fonctions, de nouvelles vues, ...). Cette suture entre l'espace public et intérieur est à la fois allégorique et fonctionnelle.
La reconfiguration de l'impasse permet de renouer avec sa fonction de base de distribution de fonctions à l'image d'un béguinage et permet de re-qualifier l'ensemble du site. En parallèle, pour assurer l'accueil des différents groupes (hommes, femmes, PMR, LGBT...), deux accès ont été prévus pour une gestion claire, efficace et sécurisée des flux. L'accueil des usagers est un moment clé de l'hébergement du centre, c'est pourquoi il a été séquencé selon plusieurs paramètres : l'arrivée, l'attente, la prise en charge, le dépôt des effets personnels....
La jonction de deux pôles résulte de la démolition du mur de séparation existant. Les briques de ce mur sont récupérées et réutilisées pour former un vaste gradin permettant de franchir la différence de niveau entre les deux parcelles originelles. Cet aménagement propose alors une utilisation multiples (discuter, se reposer, manger...). A l'abri des regards extérieurs, cet espace est néanmoins encadré par le personnel du centre : les angles morts sont évités et une tour de contrôle est prévue au rez pour assurer une surveillance permanente.
Si le bien-être des usagers a été largement réfléchi, celui des travailleurs également. Pour répondre aux problèmes de manutentions (livraisons quotidienne de nourritures, draps), un monte-charge a été placé afin de desservir aisément chaque niveau. Ainsi, les deux pôles sont connectés visuellement et physiquement par une passerelle venant se greffer au réseau existant de coursives du pôle TN 153. La coursive existante dessert une succession de bureaux réservés au personnel loin des usagers. Un contrôle visuel continu est néanmoins permis sur l'espace extérieur. En parallèle, chaque dortoir est doté d'un bureau (chambre éducateur) pour garantir la surveillance et pour répondre aux besoins des usagers si nécessaire.
Pour répondre aux besoins évolutifs du centre, des dortoirs modulables ont été conçus dans le pôle TN 153. Ainsi, le centre peut évoluer en fonction de la demande hebdomadaire et proposer des dortoirs plus petits ou plus grands (selon les minorités). On retrouve également une certaine flexibilité d'usages dans les espaces au service des usagers afin de permettre plusieurs activités (atelier, repas, venue d'acteurs externes, soins). L'objectif est de proposer un centre qui peut s'adapter aux besoins actuels et futurs des usagers tout en permettant une future réinsertion.
Le budget restreint nous a permis d'élaborer un système concernant l'introduction de nouveaux matériaux. Si chaque espace doit être lavable quotidiennement à grande eau, l'usage de matériaux durables, résistants et résiliants sont ici une nécessité. Le bien-être des usagers passe aussi par le confort, c'est pourquoi nous privilégions l'usage de matériaux non nocifs, robustes et issus de circuits courts. Une dualité visuelle et spatiale est ainsi perceptible : l'emploi de matériaux « noble » et robuste pour les parties tacites et accessibles par les usagers (carrelage, faïence), et de matériaux « bon marché » pour les parties non accessibles (bloc maçonnés apparent, heraklith).