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Publié le 27/01/2022

Symposium "(Re)building with Stone" à la Architectural Association

© Juliet Haysom

Symposium «(Re)construire avec de la pierre» à l’Architectural Association

Dans une carrière de silences.

Les gens de la ville l’ont entendu.

Ils ont chassé les pierres, taciturnes et séparées,

Un ouvrier passe en portant un torse rose.

Les entrepôts sont remplis de cœurs.

C’est la ville des pièces détachées.

(Sylvia Plath, The Stones, 1959)

Pierre calcaire de Portland, granite rouge rubis, tuf, travertin: des cataclysmes préhistoriques aux sédimentations perpétuelles, durcis pendant des millions d’années sous terre et laborieusement extraits des profondeurs, façonnés et taillés à la main ou à la machine, on en fait un produit de construction que l’on appelle génériquement «pierre naturelle».

Ce matériau structurel primitif constitue l’essence de la tectonique architecturale, mais la pierre s’est culturellement érodée pour devenir une simple surface ornementale, renouvelable et interchangeable. La larvikite est désormais le granite Blue Pearl, l’appellation géologique ayant cédé la place à une marque commerciale. L’approvisionnement d’une pierre de couleur spécifique à travers le monde augmente (et parfois double) l’énergie consacrée à son extraction locale. Même si l’on trouve dans l’histoire de l’architecture des traces de la réutilisation et de la pérennité des pierres, les spolia de jadis sont devenues des moellons lourds et obsolètes ou des revêtements à usage unique, sensibles au gel et microfissurés. Le transport, le stockage et la réutilisation des éléments de récupération en pierre dans le cadre du paradigme actuel sont lents et coûteux. Ces éléments sont donc désormais systématiquement concassés comme agrégats.

La première partie du symposium permettra de découvrir les valeurs géologiques, structurelles et culturelles de la pierre et de se pencher sur l’artisanat et le coût humain de l’extraction de la pierre. La deuxième partie jettera les bases des futurs mécanismes de récupération et du potentiel structurel à long terme. Enfin, le débat sera élargi aux ambitions de recirculation des matériaux à l’échelle de la ville.

Programme:

10h30
Bienvenue

11 h
Construire avec de la pierre: Nature, culture et structures
présentations de Simon Barker, Thibaut Barrault et Michael Ghyoot avec la participation Ruth Siddall
modérateur: Juliet Haysom

14h
Reconstruire avec de la pierre: obstacles et pratiques résurgentes
présentations de Lionel Devlieger et Robert Greer avec la participation de Valerie Vermandel et dAdam Hills
modérateur: Aude-Line Duliere

15h30
Réemploi de pierres: politique, outils et perspectives
Présentations par Michael Ghyoot et Ele Mun avec la participation d’Ans Persoons, de Gaetan Danneels et de tous les contributeurs du symposium
modérateur: James Westcott

Participants:

Simon Barker est archéologue et titulaire d’un doctorat en archéologie classique de l’université d’Oxford. Sa thèse de doctorat, achevée en 2011, s’intitulait Demolition, salvage and re-use in the City of Rome, 100 BC - AD 315 (Démolition, récupération et réutilisation dans la cité romaine, 100 avant J.-C. - 315 après J.-C.). Il a depuis occupé plusieurs postes postdoctoraux dans toute l’Europe, notamment une bourse postdoctorale en archéologie classique à l’Institut norvégien de Rome et une bourse Alexander von Humboldt à la Ludwig-Maximilians-Universität München et à l’Universität Heidelberg. Ses recherches portent sur divers aspects liés au monde antique, dont la production et la fourniture de matériaux de construction à l’époque romaine, les techniques anciennes de travail de la pierre, les spolia à la fin de l’Antiquité et au Moyen Âge et l’utilisation d’archives historiques et de manuels de construction du XIXe siècle dans des études architecturales romaines.

Thibaut Barrault est le cofondateur, avec Cyril Pressacco du cabinet d’architecture parisien Barrault Pressacco, qui se consacre à des projets urbains et des stratégies métropolitaines, à la conception et la construction d’immeubles ainsi qu’à la recherche et l’enseignement. Barrault Pressacco a réalisé plusieurs projets résidentiels en pierre porteuse. Thibaut est diplômé de l’école d’architecture de Paris-Est, où il enseigne aujourd’hui, et a travaillé à Paris, Rotterdam et Buenos Aires.

Gaetan Danneels est le représentant de Barbara Trachte, Secrétaire d’État à la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Transition économique et de la Recherche scientifique.

Lionel Devlieger a suivi des études d’architecte et d’ingénieur à Gand et à Rome. Parallèlement à son statut d’artisan marbrier indépendant, Lionel a cofondé Rotor (2005), un groupe de recherche et de conseil établi à Bruxelles qui promeut la réutilisation des matériaux de construction et les stratégies circulaires. Au sein de Rotor, Lionel a géré des projets de conception, de recherche, d’exposition et de conseil. Il a obtenu son diplôme de Docteur en histoire et théorie de l’architecture à l’Université de Gand en 2005, où il enseigne désormais l’histoire culturelle et matérielle de la pratique architecturale.

Aude-Line Duliere est architecte, chercheuse et éducatrice. Elle dirige un studio en collaboration avec la coopérative bruxelloise Rotor à l’AA, en mettant l’accent sur la réutilisation des matériaux. Elle gère des projets académiques, culturels et de construction axés sur notre rapport aux ressources, au travail et aux systèmes d’approvisionnement. Aude-Line a étudié à La Cambre à Bruxelles et à Sint-Lucas (KU Leuven), est titulaire d’un master en architecture de la Harvard Graduate School of Design et a travaillé chez David Chipperfield Architects de 2010 à 2015.

Michael Ghyoot a rejoint Rotor en 2008. Michael a coordonné le projet FCRBE dirigé par Rotor et réalisé par un partenariat de 11 organisations dans le cadre du programme Interreg NWE. Le projet vise à encourager la réutilisation des matériaux de construction en Europe du Nord-Ouest par le biais de documents d’orientation, de documentation provenant du secteur de la récupération actuel et de diverses initiatives de communication. Michael a également coécrit et édité l’ouvrage Déconstruction et réemploi publié en 2018. Michael a étudié l’architecture et a été chercheur à Bruxelles et a passé son doctorat en architecture en 2014 à l’ULB.

Robert Greer est directeur de PAYE Stonework and Restoration, l’une des principales et plus anciennes entreprises du Royaume-Uni dans le domaine du patrimoine. Elle est spécialisée dans les façades et monuments historiques et autres structures importantes. Robert Greer a rejoint l’entreprise en 1996, après avoir travaillé principalement dans le secteur de la construction. Il possède plus de trente ans d’expérience et a été responsable des projets de l’entreprise auprès de la Royal Opera House, de la BBC Broadcasting House, de la Royal Albert Hall et de The Tower of London. Robert est également responsable de la mise en œuvre de la politique environnementale et de la formation des artisans qualifiés.

Juliet Haysom a étudié les Beaux-Arts à la Ruskin School, à l’Université d’Oxford et à la RCA, puis a obtenu le certificat RIBA Part 1 à l’AA. Cette artiste a réalisé plusieurs projets in situ à caractère géologique, exploitant la pierre calcaire extraite d’une carrière locale dotée d’un parc victorien réaménagé à flanc de falaise à Torquay, dans le Devon, et la chaux extraite d’un nouveau jardin public à Amesbury, dans le Wiltshire. La famille de Juliet exploite une carrière et une entreprise de maçonnerie à Purbeck, dans le Dorset, et elle souhaite développer des modules d’enseignement afin d’initier les étudiants à la pierre, aux procédés de création associés et à son potentiel en tant que matériau architectural contemporain. Elle s’intéresse également au dessin et à son application pratique dans la médiation d’un échange entre les concepteurs et les constructeurs. Ses dessins font partie des collections du British Museum et du V&A.

Adam Hills est le fondateur, avec Maria Speake, de Retrouvius. Retrouvius a vu le jour à Glasgow en tant qu’instrument de collaboration entre l’univers de la conservation et les entreprises de démolition locales. Aujourd’hui basé à l’ouest de Londres, Retrouvius continue à promouvoir la réutilisation de matériaux de récupération, ainsi qu’une approche large de la durabilité, en transformant des matériaux réutilisés de manière respectueuse à des fins distinctives et contemporaines. Supervisé par Adam, l’entrepôt de Harrow Road abrite un stock en constante évolution, allant des bois durs tropicaux aux éléments architecturaux, en passant par des pièces uniques, des tapis et des luminaires de choix.

Ele Mun est un architecte malaisien et un cinéaste (très) occasionnel basé à Londres. Au cours de sa dernière année d’études à l’Architectural Association, il a proposé une réorganisation stratégique des ressources de construction à l’échelle régionale, rendant la récupération et la réutilisation plus viables pour les entrepreneurs en démolition, les architectes et les propriétaires de bâtiments. Après avoir obtenu son diplôme, il a travaillé sur un documentaire pour l’exposition Placeholders, dans le cadre du London Design Festival au V&A. Il est à présent assistant en architecture chez David Chipperfield Architects.

Ans Persoons est échevine bruxelloise de l’Urbanisme et des Espaces publics. En tant que présidente de la commission des permis d’urbanisme, elle a souvent été confrontée à des enjeux liés à la démolition/rénovation et à la réutilisation de matériaux de construction. Ses principales préoccupations sont l’accès au logement pour tous et la manière d’adapter la Ville de Bruxelles au changement climatique, non seulement dans sa politique de construction mais aussi en repensant l’espace public.

Ruth Siddall est une géologue basée à l’UCL. Elle travaille tant sur le terrain qu’en laboratoire et s’intéresse à la minéralogie appliquée aux thèmes de recherche transversaux et généraux du patrimoine culturel. Elle mène également des recherches spécialisées sur la provenance des pierres utilisées dans l’art et l’architecture et les relations entre les sciences de la Terre et l’environnement bâti: la géologie urbaine. Elle a en outre cocréé le site web et l’application London Pavement Geology, qui archive les pierres de construction utilisées à Londres et dans le reste du Royaume-Uni.

Valérie Vermandel est responsable du département développement de projets chez Whitewood. Elle est ingénieur-architecte et possède un diplôme supplémentaire en conservation des monuments et sites (KULeuven) ainsi qu’un executive master (Vlerick). Après avoir travaillé plusieurs années comme architecte dans le domaine de la rénovation et la transformation de monuments historiques, elle a décidé de s’installer de l’autre côté de la table, pour représenter les propriétaires. Convaincue que ce poste permet de prendre des décisions stratégiques pour changer l’image de la construction et du développement, elle entend définir et fixer des objectifs de durabilité clairs pour chaque projet.

James Westcott est cotuteur, avec Aude-Line Duliere, de Diploma 18, une unité axée sur la réutilisation des matériaux, et tuteur d’un séminaire sur les stratégies de conservation au sein de l’Architectural Association. Il est rédacteur en chef de Countryside: A Report, Elements of Architecture, coéditeur de Project Japan et auteur de When Marina Abramovic Dies: A Biography. Il a enseigné à l’UT de Delft, aux Pays-Bas. Ses articles sont parus dans AA Files, Aeon, le Guardian, le New York Times, salon.com, Open Democracy, Alternet, entre autres. Ses recherches portent sur les flux de matériaux et la réutilisation, les médias et l’histoire, l’écologie et les stratégies de conservation, l’activisme et la désobéissance civile, le néolithique et la domestication et la campagne.

Le symposium s’accompagnera d’une exposition dans la galerie.


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