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Publié le 21/06/2016
INTERVIEW : Bernard Dubois, architecte bruxellois
WBA - Un survol de votre travail nous montre que votre bureau a réalisé la grande majorité de ses projets à l’étranger. Est-ce un choix délibéré ?
BD - La plupart de mes projets jusqu'à présent résultent de commandes privées. Par hasard, j'ai quelques amis dans des villes comme Paris ou Milan qui m'ont rapidement demandé de réaliser de petits projets pour eux. Petit à petit, ces projets-là ont essaimé pour donner lieu à de nouveaux projets. Ceci m'a par exemple amené à travailler en Chine, avec les boutiques pour la marque de mode Nicolas Andreas Taralis. Nous en avons maintenant réalisé six.
WBA - Quel est le fil rouge qui vous guide pour le choix de vos projets à l’international?
BD - De façon générale, je suis très intéressé par tous les types de projets et toutes les échelles. Le projet naît grâce au maître d'ouvrage, à ses intentions, à son ouverture, sa volonté. Il est très intéressant de travailler avec des clients qui ont d'emblée un point de vue fort, mais il est aussi intéressant de travailler avec des clients qui préfèrent attendre de découvrir ce que nous leur proposons. De façon générale, tout projet naît d'une entente et d'une compréhension avec le maître d'ouvrage, sans qui le projet n'est bien entendu pas possible. C'est la collaboration qui crée le projet et permet de pouvoir proposer des choses différentes à chaque fois, car chaque client est différent et chaque situation est différente.
WBA - Collaborez-vous sur vos projets avec des bureaux d’architectes «locaux». Est-ce par choix ou par impossibilité de travailler autrement?
BD - Selon les pays et les situations, je suis amené à travailler avec des «architectes locaux». Toutefois cette définition est relative et dépend des pays. Par exemple, pour les projets en Chine, le représentant du client suit directement les travaux avec l'entreprise générale de construction. C'est l'entreprise générale qui s'occupe de l'ensemble des documents légaux nécessaires au projet (permis, régulation pompiers, etc), car la législation chinoise le permet. En Italie par contre, un géomètre peut introduire un permis de construire, tandis qu'un ingénieur peut jouer le rôle légal de coordinateur de chantier. En France, je travaille souvent pour des petits projets sans architecte local. Toutefois, si le projet est plus grand, il est plus pratique de travailler avec un architecte qui s'occupera des aspects administratifs du chantier. La fréquence des visites du chantier varie aussi selon les pays. Je peux faire des réunions de chantier à Paris une ou plusieurs fois par semaine, à Milan très fréquemment aussi, tandis qu'en Chine, je ne vois le chantier que quelques fois.
WBA - Vous avez récemment été publiés pour vos projets Valextra à Séoul, Paris et Milan…. Est-il important d’être publié pour être reconnu?
BD - Nous passons beaucoup de temps à dessiner, redessiner les projets et à suivre les chantiers. Ce processus est souvent obsessif et centré autour des personnes impliquées dans le projet. Une fois le travail livré, il est intéressant de se confronter à l'avis des autres. Bien sûr la première reconnaissance est celle du client. Ensuite, les publications permettent de partager le travail qu'on a fait, de sortir du cadre dans lequel il est conçu.
WBA - Quels conseils donneriez-vous à des jeunes praticiens souhaitant également aborder une carrière internationale?
BD - La plupart des carrières se construisent partiellement autour de choix, mais aussi principalement autour d'opportunités, de hasards, de rencontres. Je pense qu'il convient de suivre naturellement ces rencontres et ces hasards, et ne pas chercher à forcer les choses dans un sens qui n'est pas naturel. Je ne pense pas que le plus important soit le lieu ou le programme des projets, mais plutôt l'occasion qu'on a de pouvoir réaliser le meilleur projet possible à partir de ce lieu et de ce programme.
Bernard Dubois - Découvrez son profil
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