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Publié le 04/02/2016
INTERVIEW : Maxime Delvaux, un jeune photographe d’architecture bruxellois
WBA – Comment l'orientation de votre pratique vers le domaine spécifique qu'est la photographie d'architecture s'est-elle produite ?
MD – Lors de mes études, je me suis fortement intéressé à la photographie de paysage, principalement à l'école de Düsseldorf (Les Bechers, Andreas Gursky, Thomas Struth, Axel Hütte, Candida Höfer, …). À cette époque, le hasard a aussi fait quej'ai côtoyé des étudiants en architecture, avec lesquels j'ai visité de nombreux projets que j'ai alors photographiés. J'ai donc commencé à m'intéresser à l'architecture: l'envie de travailler dans ce secteur en a naturellement découlé.
Au début de ma carrière, j'ai reçu quelques commandes publicitaires, puis les opportunités dans le milieu architectural se sont multipliées. A présent, je suis photographe d'architecture à temps plein.
WBA –Comment définiriez-vous votre approche personnelle de la photographie d'architecture ?
MD – La photographie d'architecture est capitale, car je pense qu'elle demeure le moyen de représentation d'un projet le plus direct qui soit. C'est le medium qui, selon moi, permet le mieux au public de voir, de «visiter» et de juger les réalisations d'une agence. Les visuels 3D et les dessins montrent les projets de façon plus schématique, plus idéalisée.
L'enjeu principal est d'arriver à trouver une manière de photographier le projet qui s'inscrive dans la continuité des autres moyens de représentations de l'agence, tout en laissant la possibilité d'une vision personnelle.
En général, je m'efforce de montrer les projets de la manière la plus juste possible en termes de restitution des espaces et des volumes. J'essaie de ne pas trop déformer la perception qu'un utilisateur peut en avoir. Je tente plutôt de l'esthétiser par le cadrage et de mettre en valeur les moments qui me paraissent représentatifs de ses qualités.
Je suis également très attentif à la manière dont le projet communique avec son environnement et avec les différentes situations paysagères qu'il peut générer.
Je mets rarement en scène les utilisateurs, non pour déshumaniser les photographies, mais pour présenter une vision assez pérenne de l'architecture. Lorsque cela se justifie, je trouve d'ailleurs que des personnages permettent d'aider à comprendre des circulations, de donner une échelle. Je préfère néanmoins montrer l'appropriation d'un projet par la manière dont les gens l'investissent, avec des éléments mobilier par exemple. Cela donne selon moi une vision plus juste du quotidien de ces projets.
Au-delà des commandes pour des agences, j'aime aussi collaborer avec des architectes sur des projets plus vastes qui utilisent la relation entre photographie et architecture. Ainsi, je suis passionné par des travaux sur la question de la photographie de maquette (avec le bureau bruxellois Baukunst par exemple ou lors de workshops avec des étudiants).
Je suis aussi très intéressé par la manière dont on peut utiliser la photographie comme outil de conception de projet, afin d'analyser un territoire, un site, de manière à notamment révéler des situations existantes.
J'aime beaucoup le travail de photographes comme Bas Princen ou Hélène Binet qui réalisent des photos très composées mettant en avant la relation de l'architecture avec le paysage.
WBA –Pensez-vous que les architectes en Belgique entretiennent un rapport particulier avec la photographie d'architecture?
MD – Je ne pense pas qu'il y ait de réelle spécificité belge. Néanmoins, il existe une volonté en Belgique de la part de nombreuses agences de réfléchir et d'essayer d'innover sur les questions de la représentation de l'architecture, quel que soit le médium concerné.
WBA –Quelles sont vos réalisations et vos ambitions internationales?
MD – J'ai participé à plusieurs projets curatoriaux à vocation internationale, tels le Pavillon du Luxembourg pour la Biennale architecture de Venise 2012 ; le Pavillon de la Belgique pour la Biennale de Venise 2014 et, fin 2015, à l'exposition à Paris entrer: cinq architectures en Belgique.
Cette année, j'ai reçu une commande de la Villa Noailles à Hyères pour une exposition sur les skateparks qui s'ouvre en février. Et je reviens de Caen où j'ai réalisé des images pour l'agence parisienne Bruther. Enfin, je photographierai sous peu un projet sur le site de Saclay près de Paris.
Mon but est de continuer à évoluer dans ma pratique et de photographier des projets intéressants, et pourquoi pas à l'étranger. Le fait de photographier des projets pour des bureaux étrangers dans des villes que je ne connais pas ou peu me permet d'avoir, je pense, un regard différent, d'apporter une un point de vue neuf sur ces projets. C'est aussi intéressant car cela permet de découvrir de nouvelles pratiques.
Maxime Delvaux – Découvrez son profil
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