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A2MPublié le 04/06/2015
Carte blanche : A2M - 'To infinity... and beyond!'
Souvent les voyages offrent la mise à distance suffisante pour comprendre d'où nous venons. Au fil de projets, de formations et de conférences dispensées à travers le monde, ou encore de publications diverses, l'équipe d'A2M a pu mesurer la position et l'impact de l'architecture belge et plus particulièrement bruxelloise au niveau international. Ces conférences, échanges et rencontres sont comme de multiples potions d'Alice qui nous permettent, plus petits ou plus grands, de redécouvrir notre pays de merveilles.
Même si l'autopromotion n'est pas la caractéristique principale de notre culture nationale, que de savoir-faire dans le milieu de la construction belge! Ces dernières années, notamment avec des initiatives telles que les Bâtiments Exemplaires, la construction belge a connu un retentissement international surprenant. Rien ne vaut les yeux écarquillés de Français découvrant qu'il existe l'envers de l'isolation par l'intérieur, la bouche suspendue des délégations américaines découvrant que l'intérêt du passif en période estivale, ou l'air ébahi de Chinois devant une démarche totalement a-technologique… Jusqu'à la consécration suprême de cars entiers venus d'Allemagne pour visiter le fameux «passif à la belge».Il y a déjà quinze ans, A2M s'est donné pour objectif de rendre le monde plus habitable en défendant une architecture contemporaine de qualité à haute valeur environnementale. Parmi l'ensemble des outils de conception, le standard passif s'est avéré le plus pertinent pour avancer concrètement, significativement et de manière pragmatique dans cette voie. Ce choix initial de réaliser exclusivement des projets durables est lié à la volonté de tenir une ligne éthique et esthétique, articulée aux attentes des usagers et aux réalités urbanistiques du terrain. Ce paysage architectural belge, transformé ces dernières années, s'exporte maintenant à l'étranger.
Mais si les voyages, conférences et échanges nous ont en quelque sorte rendus plus grands et plus conscients de ce qu'il se passe en Belgique, l'expérience de la construction à l'étranger nous a aussi amenés, plus petits, à appréhender ce qui peut être réalisé ailleurs. C'est particulièrement le cas, par exemple, avec le projet de l'ambassade de Belgique à Kinshasa, où pour maintenir nos convictions, il a fallu apprendre et innover. Plus précisément voici quelques retours sur cette expérience.
Kinshasa, c'est apprendre un autre climat. Premier projet passif d'Afrique, les critères du standard ont dû être adaptés au climat tropical humide de Kinshasa. Nous avons adapté nos pratiques et logiciels aux spécificités du lieu. Dans ce cas, l'enveloppe du bâtiment joue un rôle déterminant. A l'image du projet, elle concentre des enjeux très différents. Façade, elle est le visage que présentera la Belgique, voulue ouverte et diplomatique. Protection, elle doit aussi répondre à des contraintes techniques spécifiques et intégrer en outre des impératifs de sécurité. Fidèles au principe de créer des ambiances intérieures confortables avec un minimum d'énergie ajoutée, nous avons travaillé les matières, formes et performances pour atteindre une consommation d'énergie minimale, peu ou pas d'air conditionné, réinstaurant la primauté de la matière sur la technique.
Kinshasa, c'est approcher une autre lumière. Sous ces latitudes, l'incidence et la puissance de la lumière ont des impacts importants. Mais, si la lumière naturelle joue un rôle prédominant dans le confort, elle apporte aussi son lot de calories. Ainsi, les pare-soleil sont-ils nécessaire pour filtrer celle-ci, assurer un facteur UDI[i] optimal dans les bureaux tout en évitant la surchauffe. Ces contraintes ont été pour nous l'opportunité de se lancer dans la maîtrise de logiciels de conception paramétrique (Grasshoper et Ecotect par exemple), afin d'ajuster les choix esthétiques à des performances techniques précises. Les jeux d'algorithmes ainsi créés deviennent des outils tangibles de conception. Au-delà des prescriptions techniques, l'écriture architecturale subjective permet un jeu d'uniformisation de cette enveloppe grâce à un même motif généré par les pare-soleil tout en maîtrisant une subtile variation du rythme, par leur orientation.
Kinshasa, c'est comprendre d'autres modes constructifs. Exportée sur un autre continent, la narration architecturale s'interprète dans une autre langue: matières et matériaux, techniques de mise en œuvre, certificats et normes, il faut tout revoir pour s'adapter aux pratiques locales. Prévu en blocs silico-calcaires, le bâtiment est par exemple entièrement repassé en béton, d'application plus universelle. Ici, la transcription dans le réel de la virtualité de l'image n'est pas le seul enjeu, il faut également suivre la mise en place correcte de ce qui a été évalué dans les simulations paramétriques. Ainsi, les changements de matériaux ont des implications sur l'inertie du bâtiment ou les performances du micro climat créé par celui-ci. Heureusement l'ultra communication globale permet des échanges en temps réel pour suivre le chantier. Néanmoins, la visite de celui-ci reste in-délocalisable...
De multiples anecdotes peuplent nos projets. Cependant nos expériences à travers le monde, que ce soit en Afrique, Asie ou plus récemment à New York avec la maison de l'excellence belge, ont surtout renforcé notre conviction intime de l'intérêt du partage et de l'open source. Que ce soit la diffusion via le livre Architecture passive[ii], la création de réseaux tels que le «Global passive building council», ou le partage d'informations, A2M inscrit son engagement responsable à travers de multiples productions. Ces projets ne sont pas seulement des réponses techniques aux enjeux du développement durable. L'émergence de ces échanges (inter)nationaux permet de réinterroger sans cesse les paradigmes architecturaux de nos pratiques. Aussi, face à l'épuisement des ressources, contrairement à l'affirmation du lapin blanc d'Alice, n'est-il peut-être pas encore trop tard...
Par A2MSpécialisée en bâtiments passifs, l'agence d'architectes A2M, créée en 2000, s'est fixé pour objectif de défendre une architecture contemporaine de qualité à haute valeur environnementale. Le bureau est invité à donner une conférence sur les maisons passives à Montréal le 9 juin et à New York le 11 juin.[i] Usable Daylight Illuminance bien plus pertinent que le Facteur Lumière du Jour communément utilisé, il permet de déterminer exactement les zones et temps de confort.
[ii] «Architecture Passive» - Stratégies, expériences et regards croisés en Belgique, FR/NL/EN, 405 pages, disponible via Bruxelles-Environnement et pmp asbl.
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